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Affaire MURRAY

"S’agissant de la décision obtenue par les fans de Mickaël JACKSON :  j’ai travaillé de manière désintéressée compte tenu du caractère exceptionnel de cette procédure.
Cette décision est une première mondiale." 
Me LUDOT Emmanuel

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Les abeilles axonaises meurent par milliers

Cette année, la mortalité des abeilles de l’Aisne atteint un record, près de 90 % en moyenne. Le froid, les pesticides et les espèces envahissantes sont pointés du doigt.

 

La mortalité est plus importante que les années d’avant », annonce Christian Deswarte, le président de l’association Aumont des abeilles, de Coucy-la-Ville. Habitués à perdre entre 10 % et 20 % de leurs abeilles, les apiculteurs ont été effrayés à l’ouverture des ruches, ce printemps. « Je fais un constat. Les abeilles ne sont plus là. Les dégâts sont compris entre 50 % et presque 100 % pour certains apiculteurs », précise Jean-Marie Camus, président du syndicat apicole de l’abeille de l’Aisne et président de l’association sanitaire du département.

Dans le Saint-Quentinois, la concentration d’abeilles mortes est plus importante. Le syndicat apicole axonais a pris un avocat pour engager une procédure. Des abeilles mortes ont été prélevées un afin de les analyser et d’apporter des preuves. Car « les cadres sont pleins de miel. Elles ne sont pas mortes de faim. » Il sous-entend que les pollinisateurs ont été désorientés et n’ont pas pu retrouver leurs ruches.

Froid, pesticides et espèces envahissantes, un cocktail meurtrier

En cause, tout d’abord, le froid. « Le Moscou-Paris est arrivé tardivement. Juste avant, avec la douceur, les noisetiers ont fleuri. Les abeilles ont commencé à faire des stocks de nourriture et la reine a commencé à pondre. Mais avec le froid, les couvains sont morts », explique Christian. Les abeilles qui devaient naître cette année pour remplacer celles de l’an passé, sont absentes.

Il ajoute que « certaines colonies se sont donc éteintes en fin d’hiver. D’autres sont moribondes, elles ne vont pas tenir le coup. » Avec le retour du printemps, les frelons asiatiques et les parasites apparaissent, comme le varroa, le pou des abeilles venu d’Asie dès 1980. Elles ont du mal à s’en débarrasser.

Affaiblies, elles ne peuvent pas résister aux néonicotinoïdes, dont trois ont été interdits ce vendredi par l’Union européenne. « Tout le monde est responsable », d’après Jean-Pierre Demailly, apiculteur à Flavy-le-Martel et maraîcher bio à Ham. Dans ce site, ses 20 ruches sont intactes. « L’environnement joue beaucoup. »

Selon les apiculteurs, certains agriculteurs ne respectent pas les consignes de traitement. Cependant, les jeunes générations sont plus conscientes du problème. D’autres n’hésitent pas à s’essayer à l’apiculture ou à autoriser des apiculteurs à installer des ruches sur leurs terres.

Toutefois, « le fauchage est fait trop souvent dans les communes. Il y a peu de jachères fleuries dans l’Aisne », argue Jean-Pierre. Selon lui, les communes fleuries sont aussi un souci. « Comment peut-on dire qu’elles sont fleuries alors que les plantes sont des herbacées ? Tout est vert. Il n’y a pas de fleurs qui apportent de la vie. »

Concernant les particuliers, il pointe du doigt le manque de diversité dans leur jardin. Thuyas, lauriers, cyprès et géraniums dénaturent la région et « ne sont pas des plantes mellifères. » Selon Christian, il faudrait une ruche par village pour polliniser les fruits et les légumes des Axonais.

L’inquiétude de 2015, date de la première alerte, fait place au désarroi chez les apiculteurs. « Il faut avoir le moral et beaucoup de volonté pour l’être aujourd’hui », lance Christian. « Ils sont désemparés. Certains en pleurent. Ils n’osent pas avouer que leurs abeilles sont malades. C’est dur », confie Jean-Marie Camus.

Tous se demandent ce que l’Homme va devenir si les abeilles meurent. Jean-Pierre s’interroge : « Est-ce que les enfants connaîtront [le monde] que nous avons connu ? »

En guerre contre les fabricants de pesticides

Les ruches de Jacques Poulet, habitant de Prouvais, petit village non loin de Guignicourt, font peine à voir. La vie a déserté dix-sept des trente ruches et les abeilles survivantes semblent avoir perdu toute énergie, certaines ne volent même plus. L’apiculteur s’en approche sans mettre de protection, conscient de leur faiblesse. « Elles sont déboussolées. La plupart des abeilles ne sont pas revenues. En février, ça a commencé, j’ai retrouvé cinq ruches sans vie. Les abeilles qui arrivaient dans le jardin tournaient en rond, comme folles, sans rentrer dans leur ruche. »

Depuis, c’est l’hécatombe, dix-sept ruches abritant chacune entre 60 000 et 80 000 abeilles sont devenues des mouroirs. Il n’est pas seul, d’autres apiculteurs axonais auraient vu leurs ruches mourir les unes après les autres ces dernières semaines. Le syndicat apicole, qui compte 300 adhérents, a d’ailleurs décidé de les recenser.

Selon le syndicat apicole de l’Aisne et l’avocat rémois qui va porter l’affaire en justice, la forte mortalité des abeilles serait due aux néonicotinoïdes, classe de molécules agissant sur le système nerveux des insectes et entrant dans la composition d’insecticides utilisés par les agriculteurs. « Ils sont la cause de la destruction du système nerveux et de l’affaiblissement du système immunitaire des abeilles », assure Me Ludot.

Selon lui, les semences vendues enrobées seraient particulièrement dangereuses. « Elles devraient être semées le soir normalement pour minimiser le danger. Ce n’est pas le cas et les abeilles avalent ça. Ça touche leurs neurotransmetteurs, elles ne retrouvent plus la ruche et celles qui reviennent avec le pollen contaminent la ruche », détaille l’avocat, qui accuse notamment Bayer et Monsanto.

Il compte lancer une action au civil avec Jacques Poulet. Pour monter son dossier, il prévoit d’envoyer les abeilles de l’apiculteur dans un laboratoire italien. « Nous voulons une analyse des nanoparticules. On va s’intéresser à tout ce qui est plus petit qu’une molécule sur le système nerveux », prévient l’avocat qui espère que d’autres apiculteurs les rejoindront pour lancer par la suite une procédure collective.

Source : L'Union (Virginie Guennec)

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